Faut-il se fier aux applications cosmétiques ?

Faut-il se fier aux applications cosmétiques ?

Depuis quelques années déjà, nous voyons fleurir différentes applications de scan de cosmétiques : Yuka, INCI Beauty, QuelCosmetic, Clean Beauty… Il est désormais beaucoup plus simple pour vous de choisir vos produits ! Hop, le produit est noté 25/100 ? On repose ! Noté 80/100 ? Pas mal, on garde…

Pourtant, ces applications ne sont pas forcément la meilleure façon de faire le tri parmi tous les produits sur le marché. On vous explique pourquoi.

 

Pour commencer, pour évaluer la composition d’un cosmétique, il faut prendre en compte plusieurs éléments :

  • les ingrédients présents
  • leur quantité
  • leur association avec les autres ingrédients
  • l’usage du produit
  • la fréquence d’utilisation
  • l’association de ce produit avec d’autres (crème + sérum + gel douche…)

 

Bien entendu, la seule information qu’une application peut obtenir c’est… la liste des ingrédients.

 

Voyons pourquoi les autres critères ont tout autant d’importance :

 

La quantité d’ingrédient présente dans un produit change considérablement les éventuels risques de cet ingrédient : si l’on compare un produit avec 0,03% d’huile essentielle (sans danger, mais potentiellement allergisant pour certaines personnes) avec un produit qui en contient 10%… Le 2e produit présentera bien plus de risque d’irritation que le premier ! Mais une application ne peut pas connaître la quantité présente dans le produit puisqu’elle n’est pas indiquée.

 

Ensuite, en cosmétique, il faut bien comprendre que la synergie des ingrédients a tout autant d’importance que les ingrédients eux-mêmes. “Le tout est plus grand que la somme des parties” dit-on (quand on est en cours de philo, sinon en effet on a assez peu d’occasions de le dire). Certains ingrédients associés entre eux voient leurs effets sur la santé diminués voire éliminés. Souvent, un ingrédient irritant mais nécessaire est associé à un autre bien plus doux, empêchant ainsi les risques d’irritation.

 

En outre, selon l’usage du produit utilisé, les risques ne sont pas les mêmes. Par exemple, dans notre gel douche Sérénade aux huiles essentielles de géranium, vous trouverez dans la liste d’ingrédients un tensioactif sulfaté (ammonium lauryl sulfate). On dit généralement que les sulfates sont mauvais car irritants. Pourtant, ce sulfate que nous utilisons est accepté par le label Cosmébio, gage de qualité. Si nous scannons notre Sérénade sur Yuka, ce sulfate est “un irritant bien connu”. Pourtant, plus loin, Yuka précise qu’il “peut être administré sans danger pour l’homme en cas de rinçage total et rapide” (propos tirés de l’analyse de Yuka à ce jour). Sachant que Sérénade est un gel douche, il est bien évidemment amené à être rincé totalement et rapidement, donc sans danger. Yuka note malgré tout le produit comme médiocre à cause de cet ingrédient, alors que vous pouvez l’utiliser sans aucun risque.

 

En cosmétique, comme pour tout en réalité, on peut dire que “la dose fait le poison”. Boire 2L d’eau par jour, c’est très bien. Boire 10L d’eau par jour… On vous le déconseille. En cosmétique, c’est la même chose. Les réglementations en la matière définissent très précisément les quantités maximales à ne pas dépasser pour chaque ingrédient selon son usage (rincé ou non par exemple). Ces taux sont déterminés pour que vous puissiez utiliser vos produits en grande quantité sans que cela ne présente de risque. Dans le même esprit, on parle souvent “d’effet cocktail” : on part du principe qu’un ingrédient supposé à risque est présent dans plusieurs produits d’une même routine skincare, et donc qu’on en accumule l’usage. Encore une fois, en réalité, les doses autorisées sont suffisamment faibles pour ne présenter aucun risque. Pourtant, les applications de scan pointent sévèrement du doigt les ingrédients concernés.

En revanche, vous pouvez bien entendu chercher des alternatives plus saines pour votre corps petit à petit, en évitant les ingrédients qui font le plus polémique. Une première étape serait de passer à une cosmétique la plus naturelle possible.

 

Pour des personnes non initiées aux ingrédients cosmétiques, les applications peuvent avoir un effet alarmant pas forcément pertinent. Des pastilles de couleurs bien flashy (un produit noté rouge par exemple), des notes pas toujours justifiées… Mais surtout, des termes très axés sur le conditionnel : “potentiellement cancérigène”, “soupçonné”, “pourrait avoir tel effet”, “peut être dangereux”… Sachez qu’en Europe, et donc en France, la réglementation a déjà interdit l’usage de 1300 ingrédients jugés à risque, et ça continue ! Oui ce n’est pas la perfection, il reste un peu de chemin, mais on est déjà pas si mal ! Parler de “potentiel effet néfaste” peut donc préoccuper inutilement certains consommateurs qui ne vont pas plus loin qu’une application dans leur analyse.

 

Dans le même esprit, les applications relèvent les ingrédients allergènes. Il en existe une liste, on en compte 26. Entre 1 et 9% de la population peut présenter une allergie à un composé cosmétique. Prenons l’information dans l’autre sens : entre 91 et 99% de la population ne présente pas de risque d’allergie. Ça fait relativiser non ? Pour les allergies alimentaires (œufs, cacahuètes…) on est à peu près sur le même ordre de grandeur, mais une allergie alimentaire est bien plus grave qu’une allergie cosmétique. Les applications ont raison de soulever le potentiel allergisant de certains ingrédients, mais ne prenez pas peur alors que vous n’êtes probablement pas concernée. Si vous l’êtes, il vous suffit d’éviter l’ingrédient en question.

 

Enfin, Yuka et compagnie ne prennent pas forcément en compte l’aspect environnemental des produits que vous scannez. Par exemple, l’huile de coco est de plus en plus plébiscitée en cosmétiques, pour ses vertus nourrissantes et assainissantes. Pourtant, saviez-vous que la culture d’huile de coco est un désastre écologique, plus important même que la culture d’huile le palme ?

 

Finalement, si l’on connaît bien le milieu de la cosmétique, les applications peuvent être un bon moyen de repérer rapidement un ingrédient qui nous pose souci, mais il est important de garder un œil critique sur les résultats apportés. En revanche, si l’on se fie uniquement à la note ou à la pastille de couleur donnée, on risque de passer à côté de tas d’informations, et surtout d’un produit qui peut parfaitement nous convenir.

Pensez dans tous les cas à relativiser : il est impossible d’éradiquer totalement les ingrédients “à risque” de vos placards. Ils sont omniprésents, et ce n’est pas grave, il existe d’autres choses du quotidien bien plus importantes pour votre peau (comme votre hygiène de vie).

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